da Immuno-analyse & Biologie spécialisée Quand penser au diagnostic de vipome?
A. Szymanowicz1,*, P.Y. Eyraud2, M.J. Neyrona1
1Laboratoire de biochimie, centre hospitalier de Roanne, France
2Service de gastro-entérologie, centre hospitalier de Roanne, FranceLe vipome est une tumeur digestive rarissime (incidence: trois à cinq cas annuels, en France). IlRÉSUMÉ entre dans le cadre des néoplasies endocriniennes, secrétant le vasoactive intestinal peptide(VIP). Ce neuropeptide stimule la motricité gastro-intestinale et les sécrétions exocrines pancréatiques et intestinales. Observation clinique. - Un patient de 22 ans est hospitalisé dans le service de gastroentérologie, puis en réanimation, pour une diarrhée cholériforme associée à des douleurs abdominales et des troubles hydroélectrolytiques. Il présente une diarrhée hydrique depuis un mois. Une semaine avant l’hospitalisation, cette diarrhée s’est intensifiée (dix selles par jour), accompagnée de douleurs abdominales. Des vomissements sont apparus depuis trois jours. Le patient ne présente pas de rectorragie, ni de fièvre. L’asthénie est intense. L’examen clinique met en évidence un abdomen météorisé, sensible. L’auscultation cardiopulmonaire est normale, en dehors d’une tachycardie sinusale à 124 par minute. Au plan biologique, on constate une insuffisance rénale fonctionnelle (créatinine 207 mol/L, urée 19,2 mmol/L) avec hyponatrémie (126 mmol/L) et hypokaliémie sévère (2,2 mmol/L), hypercalcémie (3,03 mmol/L), calcium ionisé (1,7 mmol/L) mais sans syndrome inflammatoire (CRP 12 mg/L), polyneutrophiles (7,1 giga/L), hémoglobine (18,1 g/dL). Devant ce tableau évoluant depuis un mois, une diarrhée d’origine hormonale est évoquée, avec prescription de VIP, calcitonine (Ct) et TSH. Prise en charge clinique. - Devant l’importance des troubles hydroélectrolytiques, le patient est muté en réanimation où il rec¸oit, le premier jour, 8 L de NaCl avec apport potassique important, puis, le lendemain, sandostatine 100 g deux fois par jour. L’hyperparathyroïdie est éliminée (PTH à 28 ng/L). Les autres causes de colites sont éliminées par les examens paracliniques. Les résultats transmis par le laboratoire spécialisé confirment le vipome: VIP à 3500 U/L (normale [N] < 65), CT à 113 U/L (N < 10). Le patient est opéré d’une splénopancréatectomie corporéo-caudale par l’équipe chirurgicale du CHU Édouard-Herriot de Lyon. Conclusion. - Devant un tableau de diarrhées profuses associant hyponatrémie, hypokaliémie, hypercalcémie sans aucune autre piste étiologique, il convient d’envisager le diagnostic d’une pathologie très rare telle que le vipome. Le dosage du VIP et de la CT peuvent contribuer à poser le diagnostic dans les meilleurs délais, permettant la prise en charge optimale du patient. 2011 Publi´e par Elsevier Masson SAS. Mots-Clés: Vipome; Diarrhée; Hypokaliémie; VIP; Calcitonine RIASSUNTO Quando pensare alla diagnosi di vipoma? Il vipoma è un raro tumore gastrointestinale (incidenza da 3 a 5 casi all’anno in Francia). Rientra nel quadro delle neoplasie endocrine secernendo il peptide intestinale vasoattivo (VIP). Questo neuropeptide stimola la motilità gastrointestinale e le secrezioni esocrine pancreatiche e intestinali. Osservazioni cliniche: un paziente di 22 anni è stato ricoverato nel dipartimento di gastroenterologia e successivamente in quello di terapia intensiva per una diarrea coleriforme associata a dolori intestinali e alterazioni elettrolitiche. Presentava diarrea acquosa da circa un mese. Una settimana prima del ricovero la diarrea era aumentata (10 scariche al giorno) con presenza di dolore addominale; da tre giorni comparsa di vomito. Il paziente non presenta febbre o sanguinamento rettale; l’astenia era importante. L’esame clinico evidenziava addome gonfio e sensibile; auscultazione cardiopolmonare normale, a parte una tachicardia sinusale di 124 battiti/min. A livello biologico riscontro di insufficienza renale (creatinina 207 mol/L, urea 19,2 mmol/L), iposodiemia (126 mmol/L) e severa ipopotassiemia (2,2 mmol/L), ipercalcemia (3,03 mmol/L) con calcio ionizzato di 1,7 mmol/L, ma assenza di sindrome infiammatoria (CRP 12 mg/L), neutrofilia (7,1 giga/L), emoglobina (18,1 g/dL). A fronte di questi sintomi in evoluzione da più di un mese si ipotizzava una diarrea di origine ormonale e si richiedeva il dosaggio di VIP, calcitonina (CT) e TSH. Gestione clinica: data l’importanza dello squilibrio elettrolitico il paziente veniva trasferito in terapia intensiva dove gli venivano somministrati: il primo giorno 8 L di NaCl con un’importante apporto di potassio, quindi dal giorno successivo Sandostatina 100 mcg due volte al giorno. L’iperparatiroidismo viene eliminato (PTH 28 ng/L). Altre cause di coliti risultavano escluse da ulteriori indagini diagnostiche. I risultati riportati da laboratori specializzati confermavano la presenza di un vipoma: VIP a 3500 U/L (vn: < 65) e CT a 113 U/L (vn: < 10). Il paziente veniva sottoposto a spleno-pancreasectomia dall’équipe chirurgica del CHU Édouard-Herriot di Lione. Conclusioni: di fronte ad un quadro di diarrea profusa associata a iposodiemia, ipopotassiemia e ipercalcemia senza alcun altro sospetto eziologico, è opportuno considerare la diagnosi di una patologia molto rara quale il vipoma. Il dosaggio del VIP, della CT e della Cromogranina A possono contribuire alla diagnosi e permettere la gestione clinica ottimale del paziente. Parole chiave: Lipoma; Diarrea; Ipopotassiemia; VIP; Calcitonia
Riprodotto da Immunoanal Biol Spéc 2011;26:212-216 con l’autorizzazione del direttore scientifico della rivista, Dott. M. Bogard
da Immuno-analyse & Biologie spécialisée ABSTRACT When to think of diagnostic vipomas? The VIPoma is a rare gastrointestinal tumor (incidence three to five cases per year in France). It is part of endocrine neoplastic, secreting the vasoactive intestinal peptide (VIP). This neuropeptide stimulates gastrointestinal motility and exocrine pancreatic and intestinal secretions. Clinical observation. - A patient of 22 years is hospitalized in the department of gastroenterology and then in the intensive care unit (ICU) for cholera-associated diarrhea with abdominal pain and electrolyte disorders. It has a watery diarrhea for 1 month. One week before admission the diarrhea escalated (10 stools/day) with abdominal pain. Vomiting occurred for 3 days. The patient has no fever or rectal bleeding. Asthenia is intense. Clinical examination reveals a distended and sensitive abdomen. Cardiopulmonary auscultation was normal apart from sinusal tachycardia to 124/min. In biological terms there is a functional renal failure (creatinine 207µmol/L, urea 19.2 mmol/L) with hyponatremia (126 mmol/L) and severe hypokalemia (2.2 mmol/L), hypercalcemia (3.03 mmol/L), ionized calcium (1.7 mmol/L), but without inflammation (CRP 12 mg/L), polyneutrophils (7.1 giga/L), hemoglobin (18.1 g/dL). Before these symptoms evolving for 1 month, diarrhea caused by hormones is discussed with prescription of: VIP, calcitonin (Ct) and TSH. Clinical management. - Given the importance of electrolyte disorders the patient is transferred to ICU where he received the first day 8 L NaCl with important potassium intake then the next day Sandostatin 100 mcg two times per day. Hyperparathyroidism is eliminated (PTH 28 ng/L). Other causes of colitis are eliminated by diagnostic tests. The results reported by the specialized laboratory confirm VIPomas: VIP at 3500 U/L (normal [N] < 65), CT to 113 U/L (N < 10). The patient was operated on for corporeal-tail splenopancreatectomy by the surgical team in CHU Édouard- Herriot, Lyon. Conclusion. - Given an array of profuse diarrhea combining hyponatremia, hypokalemia, hypercalcemia without any other etiological hypothesis, it should consider the diagnosis of rare diseases such as VIPoma. The determination of VIP, CT and chromogranine A can contribute to the diagnosis as soon as possible to the optimal care of the patient. Key words: Vipoma; Diarrhea; Hypokalemia; VIP; Calcitonin INTRODUCTION
mmol/L), hypercalcémie (3,03 mmol/L), avec calciumionisé à 1,7 mmol/L. Il n’y a pas de syndrome inflamma-
Le vipome est une pathologie très rare dont l’incidence
toire: CRP: 12 mg/L, polyneutrophiles: 7,1 giga/L, hémo-
est d’environ un cas pour dix millions. Malgré son expres-
globine: 18,1 g/dL et VGM à 79 femtol. Devant ce tableau
sion clinique et biologique généralement très typique, son
évoluant depuis un mois, une diarrhée d’origine hormo-
diagnostic peut être retardé pour de multiples causes
nale est évoquée avec prescription de VIP, calcitonine
notamment du fait de sa rareté et de son évolution par
poussées intermittentes. Pour cette raison nous présen-tons ce cas clinique qui a mobilisé particulièrement le ser-
Prise en charge
vice de gastro-entérologie et de réanimation de notre cen-tre hospitalier ainsi que le laboratoire pendant deuxsemaines environ, avant d’aboutir au diagnostic et à la
Devant l’importance des troubles hydroélectrolytiques,
le patient est muté, 24 heures après son admission dansle service, vers le service de réanimation où il reçoit, le
OBSERVATION
premier jour, 8 L de NaCl à 9 p. 1000, avec apport potas-sique important, puis, le lendemain, sandostatine 100 µg
Clinique
deux fois par jour, dans l’attente des résultats des mar-queurs biologiques complémentaires. Devant l’hypercal-
Il s’agit d’un patient de 22 ans, hospitalisé dans le ser-
cémie et l’hypophosphorémie, l’hyperparathyroïdie est
vice de gastro-entérologie pour une diarrhée cholériforme,
recherchée et éliminée par le résultat de parathormone
associée à des douleurs abdominales et des troubles
(PTH) à 28 ng/L (N = de 10 à 68 ng/L). Le bilan est com-
hydroélectrolytiques. Il présente une diarrhée hydrique
plété par une échographie abdominale, une gastroscopie
depuis un mois. Une semaine avant l’hospitalisation, cette
et une rectosigmoïdoscopie qui sont interprétées comme
diarrhée s’est intensifiée à raison de dix selles par jour,
normales. Les biopsies coliques et duodénales sont éga-
d’aspect “thé léger” accompagnée de douleurs abdomi-
lement normales, éliminant en particulier une colite micro-
nales. Des vomissements sont apparus depuis trois jours.
scopique. La parasitologie et la bactériologie des selles,
Le patient ne présente pas de rectorragie ni de fièvre.
l’ECBU, les anticorps antinucléaires, la sérologie VIH et
L’asthénie est intense. Son poids est en diminution: 68 kg
des salmonelles sont négatifs. La bêta-2-microglobuline
au lieu de 74 kg habituellement, pour une taille de 1,65 m.
est normale, à 1,5 mg/L. La cortisolémie est élevée, à
L’examen clinique met en évidence un abdomen météo-
2258 nmol/L pour un seuil inférieur à 600 nmol/L, et mise
risé, sensible; le toucher rectal est normal. L’auscultation
sur le compte de l’état de stress du patient. Devant une
cardiopulmonaire est normale, en dehors d’une tachycar-
TSH diminuée à 0,11 mU/L, l’endocrinologue conseille la
die sinusale à 124 par minute. Les palpations thyroï-
réalisation d’une scintigraphie thyroïdienne qui est nor-
diennes et testiculaires sont également normales. Au plan
male et une échographie cervicale qui n’a pas objectivée
biologique, on constate une insuffisance rénale fonction-
de nodule thyroïdiens ni parathyroïdiens. Les biopsies
nelle (créatinine: 207 µmol/L, urée: 19,2 mmol/L) avec
duodénales et coliques mettent en évidence un
hyponatrémie (126 mmol/L) et hypokaliémie sévère (2,2
Enterococcus faecium, ce qui conduit à mettre le patient
da Immuno-analyse & Biologie spécialisée
sous clamoxyl sans que l’origine infectieuse de la diarrhée
comme observé chez ce patient. Des flushes ou des réac-
tions urticariennes peuvent être associés.
De retour dans le service, le patient n’a plus de diar-
Ce type de tumeur endocrine secrète le peptide intes-
rhée et manifeste son impatience de quitter l’hôpital. Il
tinal vasoactif (VIP). Elle concerne les cellules D1 des îlots
reste, cependant, hospitalisé quelques jours jusqu’à nor-
de Langerhans du pancréas, avec un caractère de mali-
malisation de sa kaliémie. Il quitte donc le service dix jours
gnité dans 50 à 75 % des cas, et s’accompagne de métas-
après son hospitalisation, avec un traitement par gluco-
tases ganglionnaires et/ou hépatiques au moment du
nate de potassium trois fois par jour et une surveillance
diagnostic dans un cas sur deux. Le plus généralement,
ionique hebdomadaire. Son poids habituel de 74 kg est
ce sont des tumeurs pancréatiques mais également pou-
retrouvé. Les deux premiers contrôles sont normaux.
vant être le fait d’un phéochromocytome, d’un ganglioneu-
Après quelques jours, les résultats transmis par le
rome, d’un neuroblatome, d’un cancer bronchique ou d’un
laboratoire spécialisé Biomnis confirment le vipome: VIP à
cancer médullaire thyroïdien. Le VIP est un peptide qui est
3500 U/L (N < 65), CT à 113 U/L (N < 10). Il est donc
neurotransmetteur, vasodilatateur et régulateur de la
nécessaire maintenant de localiser la tumeur et d’éliminer
motricité digestive. Il régule également les sécrétions
une néoplasie multiple. En effet, 5 % de ces tumeurs inter-
intestinales (il stimule l’élimination de l’eau) et pancréa-
viennent dans le cadre d’une néoplasie endocrinienne
tiques (il inhibe la production de suc gastrique). Ce peptide
multiple de type 1 (NEM 1). Entre temps, le patient refait
est présent dans la paroi du duodénum, mais également
un épisode de diarrhée cholériforme et se trouve rapide-
dans la paroi de tout le tube digestif et dans le pancréas2.
ment réhospitalisé, cette fois dans le service de chirurgie
Au plan épidémiologique, le vipome est une tumeur de
spécialisé dans les tumeurs endocrines du CHU de Lyon,
siège le plus souvent pancréatique (80 à 98 % des cas),
à qui est transmis son dossier émanent du service de gas-
en règle unique et souvent d’une taille supérieure à 2 cm.
tro-entérologie. Le patient est opéré rapidement d’une
Il s’agit d’une affection rare, avec une incidence annuelle
splénopancréatectomie corporéo-caudale par l’équipe chi-
rapportée à la population Franc¸aise de trois à cinq cas
par an, contre 50 à 60 pour le gastrinome et 75 à 100 pour
Les suites opératoires sont simples. Le patient quitte
l’insulinome. Elle survient à tout âge, avec, cependant, un
ce service, 12 jours après son opération. Il est réhospita-
pic dans la quatrième décennie, et est trois fois plus fré-
lisé au centre hospitalier de Roanne, quatre jours plus
quente chez la femme que chez l’homme. Dans le cas de
tard, pour une pancréatite postopératoire qui nécessitera
notre observation, il s’agit d’un homme âgé de 22 ans, ce
une prise en charge de deux semaines en réanimation.
qui ne correspond pas au profil le plus fréquent dans cette
Fin septembre, les contrôles des marqueurs indiquent des
pathologie. Mais des cas de patients plus jeunes encore
résultats pour le VIP à 23 ng/L, de calcitonine à 3 ng/L et
ont été rapportés: par exemple, le cas d’un enfant de 15
de chromogranine A à 20 µg/L (N: de 20 à 100). En
ans a été décrit3, et même, plus récemment, celui d’un
revanche, le patient n’a pas accepté l’exploration géné-
enfant de 14 mois4. Cette tumeur peut s’inscrire dans le
tique d’une éventuelle NEM 1. En janvier 2007, un diabète
cadre d’une néoplasie endocrinienne multiple de type 1
de type II est diagnostiqué, pour lequel il sera pris en
(NEM 1) en association à un adénome parathyroïdien et
charge par insulinothérapie. Après un suivi à cinq ans, le
hypophysaire, dans un faible pourcentage de cas: 5 à 15%5.
patient n’a jamais présenté de nouveaux signes de diar-
Dans le cas de notre patient, celui-ci a jusqu’à présent
rhée et aucun examen clinique, radiologique, échogra-
refusé cette exploration et son statut reste indéterminé.
phique ou biologique n’a présenté d’anomalie évoquant la
En ce qui concerne la physiopathologie des manifesta-
tions cliniques, il convient de rappeler que le VIP provoqueune abondante sécrétion d’eau et d’électrolytes dans le
DISCUSSION
jéjunum et l’iléon, responsable d’une diarrhée profuseavec hypokaliémie dépassant les capacités de réabsorp-
Le vipome, ou syndrome de Verner-Morrison, auteurs
tion colique. Les effets pharmacologiques du VIP sont
de la première description complète du «syndrome de
résumés dans le Tableau 16. L’hypokaliémie est souvent
diarrhée profuse, hypokaliémie et achlorhydrie» ou WDHA
majorée, comme dans notre observation, par l’hyperaldos-
(watery diarrhea hypokaliema achlorydria)ou «choléra
téronisme secondaire à l’hypovolémie provoquée par la
pancréatique», en 1958, se manifeste par une diarrhée
diarrhée profuse. Les principaux signes cliniques et les
sécrétoire de volume important, persistante lors de
diagnostics différentiels sont rappelés DANS le Tableau 27
l’épreuve du jeûne. L’osmolarité fécale est proche de celle
et le Tableau 38. La diarrhée est le maître-symptôme,
du plasma. Le transit peut être discrètement accéléré. Les
constante, évoluant par poussées, avec des rémissions
désordres hydroélectrolytiques sont fréquents1. Le tableau
plus ou moins complètes, excédant souvent dix selles par
clinique comporte essentiellement une diarrhée sécré-
jour dans 22% des cas comme pour la présente observa-
toire, persistant malgré le jeûne, de volume toujours supé-
tion, entre cinq à dix selles par jour dans 68% des cas. Il
rieur à 700 mL/j. Les cas les plus sévères sont souvent
s’agit d’une diarrhée de type hydroélectrolytique, avec un
diagnostiqués en réanimation avec des diarrhées supé-
volume de selles variant de 2 à 10 L/j (d’où le nom de
rieures à 10 L/j et des pertes potassiques massives.
«choléra pancréatique») et sans aucun signe de malab-
L’hypokaliémie sévère peut induire des complications car-
sorption6. Ces principaux symptômes sont retrouvés dans
diaques, rénales ou neurologiques, avec parfois paralysie
plusieurs séries, dont une de 11 cas9 et une autre de 15
et coma, voire décès. L’hypokaliémie s’associe à une aci-
patients10. Le diagnostic de vipome n’est souvent posé
dose métabolique, par fuite des bicarbonates dans le
que plusieurs semaines à plusieurs mois après le début
volume fécal. L’amaigrissement rapide est de règle,
des symptômes, en moyenne 30 mois après. da Immuno-analyse & Biologie spécialisée Tableau 1 Les actions pharmacologiques du VIP.
1. Action inotrope positive sur le cœur2. Vasodilatation (qui entraîne des « rougeurs » surtout du visage, ou « flushing », chezquelques patients) ; le « flushing » estobservé chez20 % des patients ; cependant, une infusion prolongée de VIP entraîne une tachyphylaxie qui pourrait expliquer cefaible pourcentage de patients qui ont le « flushing »3. Augmentation de la sécrétion intestinale d’eau et d’électrolytes4. Inhibition de la gastrine et de la sécrétion de l’acide gastrique (expliquant l’hypo- ou l’achlorhydrie)5. Stimulation des secrétions pancréatiques, de la lipolyse et de la glycolyse
Tableau 2 Les causes d’hypokaliémie. Hypokaliémie par pertes digestives
Vomissements (déficit chloré), diarrhée infectieuse, tumorale (vipome, tumeur villeuse, syndrome Zollinger-Ellison),
anastomose jéjuno-iléale, fistule digestive, malabsorption. . .
Hyperaldostéronisme primaire : hyperplasie bilatérale surrénale, adénome surrénalien, hyperplasie congénitale par blocs
Hyperaldostéronisme secondaire avec HTA : HTA rénovasculaire, HTA maligne, réninome, HTA sous pilule. . . Hypercortisolisme endogène (syndrome de Cushing)Syndrome de LiddleNéphropathies : syndrome de Gitelman (magnésémie basse, calciurie basse, chondrocalcinose articulaire), syndrome de
Bartter (enfant), acidoses tubulaires distales, polyurie. . .
Médicaments : diurétique de l’anses et thiaziques, corticoïdes, pénicilline, cisplatine, foscarnet amphotérine B, lithium. . . Déficit en magnésiumHyperaldostéronisme secondaire sans HTA : syndrome néphrotique, insuffisance cardiaque, cirrhoseIntoxication à la glycirrhizine : pastis, réglisse
Paralysie périodique familiale hypokaliémique (maladie de Westphall)Alcalose métabolique ou respiratoireDélirium tremensPar un traitement : bêta-2-agonistes, intoxication au vérapamil, à la chloroquine, surdosage en insuline, en théophylline, en
Anorexie mentale, régime amaigrissant. . .
Exceptionnellement, dans le cas présenté, le diagnostic a
Tableau 3
Les diagnostics différentiels et associés du
pu être très rapidement établi en 15 jours. Retenons que
l’hypokaliémie constante, souvent profonde, engendreunrisque de troubles graves de la conduction et du rythme
cardiaque. Elle peut aussi se révéler par une pseudomyo-
pathie. Les risques liés à l’hypokaliémie profonde condui-
sent à une prise en charge des patients en urgence, et
parfois même en soins intensifs11. Sans traitement, l’évo-
lution se fait par poussées, avec un risque d’arrêt car-
Les maladies associées et les complications
diaque par hypokaliémie, néphropathie, déshydratation
Achlorhydrie, acidose, acidose métabolique
sévère. La prise en charge de ces patients et le contrôle
de la diarrhée permettent d’obtenir des survies prolon-
gées, de l’ordre de plusieurs années.
Hypercalcémie, hypokaliémie, hyponatrémie, hypovolémie
Le traitement de la tumeur elle-même passe par la chi-
Hypomagnésémie, carence en magnésiumMaladie héréditaire
rurgie. Une exérèse chirurgicale doit être discutée, dès
Néoplasie endocrinienne multiple, métastases hépatiques
que possible. Même en cas de métastases, la chirurgie de
la tumeur avec ou sans métastasectomie est à envisager,
car l’exérèse, même incomplète, peut diminuer, voire arrê-
ter la diarrhée. Dans le cas présenté, le patient a été opéré
d’une splénopancréatectomie corporéo-caudale par
l’équipe chirurgicale du CHU Édouard-Herriot de Lyon,
da Immuno-analyse & Biologie spécialisée
trois semaines seulement après la confirmation du diag-
RÉFÉRENCES
L’octréotide, analogue de la somatostatine, est le trai-
http://www.medinfos.com/principales/fichiers/pm-
tement symptomatique de première intention. Il permet de
contrôler la diarrhée dans 80 % des cas, avec disparition
http://www.orpha.net/data/patho/FR/fr-TNE.pdf
de celle-ci en 12 heures dans 85 % des cas. En cas desymptômes modérés, une dose de 100 à 150 mg en sous-
Brichard B, Fiasse R, Buts JP, et al. Vipoma in an
cutané toutes les huit heures est débutée avec une rééva-
adolescent: treatment with a delayedaction somatostatin
luation hebdomadaire, la dose pouvant être augmentée de
analog, octreotide or SMS 201-995, and surgical
50 à 100 mg par injection. En cas de symptômes très
removal. Acta Gastroenterol Belg 1990;53(2):188-97
sévères d’emblée, un bolus de 100 mg en intraveineux,
Riebet T, Luck W, Scheer I, et al. Sonographic
puis 50 mg/h, est débuté. Lorsque la dose d’ocréotide
detection of a ‘‘Vipoma’’ in a small child with intractable
contrôlant les symptômes est atteinte, le passage à un
gastroenteritis. Ultraschall Med 2002;23(4):264-6
analogue retard peut être alors discuté, permettant uneinjection intramusculaire tous les 14 jours. Libe R, Chanson P. Les tumeurs endocrines du pancréas
En cas de mauvais contrôle des symptômes malgré la
lors de la néoplasie endocrinienne multiple type 1
somatostatine et/ou en cas de métastases hépatiques
(NEM1): actualités sur les facteurs pronostiques,
douloureuses ou évolutives, un traitement par chimiothé-
l’imagerie et le traitement [Endocrine tumors of the
rapie (adriamycine + streptozotocine) se discute, si l’état
pancreas (EPT) in multiple endocrine neoplasia (MEN1):
clinique le permet, dans le but d’augmenter la durée et la
up-date on prognostic factors, diagnostic procedures and
qualité de la survie. L’interféron, seul ou en association
treatment]. Ann Endocrinol (Paris) 2007;68(Suppl.1):1-8
avec l’octréotide, a obtenu des résultats intéressants dans
h t t p : / / w w w . d i s c u s s i o n - d i a g n o s t i q u e . c o m /
de petites séries, qui demandent à être confirmés dans
http://www.urgences-serveur.fr/IMG/article PDF/article
CONCLUSION
http://www.health32.com/vipoma-overview-causes/
Devant un tableau de diarrhées profuses, associant
hyponatrémie, hypokaliémie, hypercalcémie, sans aucune
Li JT, Peng SY, Fang HQ, et al. Diagnosis and
autre piste étiologique, il convient d’envisager le diagnos-
treatment of vasoactive intestinal peptidesecratingtumors:
tic d’une pathologie très rare telle que le vipome. Dans
one case report and 15 years review in China. Zhonghua
cette hypothèse, la réalisation des examens de biologie
médicale spécialisée - VIP, CT et chromogranine A - peut
Nikou GC, Toubanakis C, Nikolaou E, Giannatou E,
contribuer, de manière efficiente, à poser le diagnostic
Safioleas M, Mallas E, et al. Vipomas: an update in
dans les meilleurs délais, favorisant la prise en charge
diagnosis and management in a series of 11 patients.
Hepatogastroenterology 2005;52(64):1259-65
www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMicm1005144
DÉCLARATION D’INTÉRÊTS
h t t p : / / w w w. s n f g e . o rg / 0 1 - B i b l i o t h e q u e / 0 F - C a s -
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts
cliniques/cascliniques/ casclinique1199g.asp
Dottor A. SzymanowiczLaboratoire de biochimieCentre hospitalier de RoanneRoanne, Francee-mail: antonszymanowicz-chr@sfr.fr
Het nieuwe Influenza A (H1N1) oftewel de mexicaanse griep is een virus dat griep veroorzaakt. Het griepvirus verspreidt zich via de lucht en via de handen.De door dit virus veroorzaakte griep staat op dit moment bekend als mild. Dat betekent dat het nieuwe griepvirus en de symptomen niet veel afwijken van de normale seizoensgriep. De meeste mensen herstellen binnen een week. De gevolgen van Ni
Accred Qual Assur (2003) 8:179–183DOI 10.1007/s00769-003-0609-9 D. Brynn Hibbert Abstract An Australian case study Keywords Forensic science · Received: 23 October 2002Accepted: 17 February 2003of abuse were acquitted on appealbecause of shortcomings in the prosecution’s case that establishedthe identity of the material seized. The need to have proper standard operating procedures t