Dépendances aux substances et comorbidités psychiatriques : Tendances actuelles Yasser Khazaal, Daniele Zullino
sont encore limitées par leur nombre et
traitements psychiatriques peuvent être généralement et raisonnablement
Psychiatrische Leiden sind stark mit Ab-hängigkeiten von Substanzen verbun-
l’attente d’un impact favorable. Des
den. Diese Komorbidität ist mit mehr-
traitements intégrés des deux troubles
fachen Komplikationen behaftet. Die Studien, welche sich auf Personen mit einer doppelten Diagnose beziehen, sind sowohl in der Anzahl wie auch in der
Le présent article présente de manière
Konzeption noch beschränkt. Es scheint
générale les questions cliniques liées
jedoch, dass Behandlungsansätze sol-cher Abhängigkeiten wie auch die be-
troubles psychiatriques en les illustrant
kannten psychiatrischen Therapien bei diesen Personen mit einer günstigen Wirkung angewendet werden können. Integrierte Behandlungen beider Leiden Aspects épidémiologiques werden gegenwärtig empfohlen und es zeigen sich positive Entwicklungen.l’associationL’importance des liens entre les abus et dépendances aux substances (substan-Résumé ce use disorders : SUD) et les troubles
mentaux est bien documentés. L’US co-
l’association vie entière et de 2.6 pour
l’association sur 12 mois d’au moins un
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L’importance de l’association est confir-
Les troubles psychiatriques chez les
Prés de la moitié des personnes avec un
SUD à l’alcool ont un trouble mental vie
chiatriques (Table 1).
L’importance de l’association varie en
sont particulièrement élevés (jusqu’à
près de 80%, vie entière) parmi les per-
considérés. Elle est par exemple moins
forte pour les troubles de l’humeur uni-polaires que bipolaires (environ 60% de
Table 1 : Odds-ratio (99% CI) ajusté pour des paramètres démographiques et la présence d’une comorbidité psychiatrique à 12 mois. Adapté de compton et al. 2007. NB : L’étude n’a pas évalué les troubles psychotiques.
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l’humeur avec des attitudes vis-à-vis
de l’environnement, une sensibilité à
d’abord dans près de 70% des cas.
réactions caractéristiques vis-à-vis de
ses, soumises à d’autres biais (choix
ces stimuli) cyclothymiques et irritables
des échantillons : âge des populations
sont surreprésentés chez des personnes
étudiées par rapport à l’âge moyen
d’apparition d’un trouble) ont des ré-
sultats moins homogènes. Il apparaît cependant de manière reproductible
Troubles psychiatriques et sélection
qu’un trouble des conduites dans l’en-
fance est associé à l’occurrence ulté-
ou dépressifs prépubertaires (en parti-
culier : phobie sociale, trouble panique)
pendances à l’alcool), peu influencé par
les troubles psychiatriques concomitants.
Il serait plutôt le fait de la disponibilité et de l’image des substances. Bien que
Comorbidité et évolution clinique
moins étudiés, les modes et moments de
La comorbidité est associée à une plus
grande chronicité, à des épisodes psy-
ressentis pourraient, être plus intriqués
sions plus lentes, plus d’hospitalisa-tions, un risque accru de tentatives de
suicide et plus d’atteintes à la santé
Une série d’études épidémiologiques
cultés sociales, moins de productivité
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gènes ou pour améliorer l’humeur).
port social et plus de stigmatisation et
l’accès à des coping efficaces).
l’évolution de ces patients est forcé-
qués pourraient être génétiques, psy-
avec schizophrénie et SUD suivis sur 10
ans, plus de 60% d’entre eux sont en ré-
laire est stable sur le plan symptômes psychotiques, plus de 50% sont globa-lement satisfaits de leur qualité de vie
Traitements
Peu d’études ont porté sur le traite-ment des patients avec double dia-
Différentes hypothèses sont proposées
Il est essentiel face à un SUD de recher-
cher de manière systématique la problé-
matique psychiatrique et vice versa. Or,
chaque trouble peut scotomiser l’autre.
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répéter les investigations dans le temps.
plutôt des traitements intégrés. Cet-te position découle d’une part de la
• Une approche unifocale conduit à
traiter plutôt un trouble que l’autre.
ou principal, il suffit de le traiter pour
que l’autre trouble se résolve “ auto-
possible “ effet secondaire ” du pre-
tion “ rapidement efficace ”. Les traite-
1. Améliorer l’accès aux soins de cha-
• Une conceptualisation séquentielle
du traitement amène à traiter d’abord
Ces traitements intégrés se conçoivent
principal ou plus sévère. Si la réponse
La définition du traitement intégré est
• Des traitements parallèles amènent des
Une distinction entre “ intégration des
unités différentes à opérer leurs soins
programmes ” et “ intégration des sys-
tèmes ” a été proposée afin de faciliter
risque d’un manque de coordination.
approches (Table 2).
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Table 2 : Extrait de “ Meilleures pratiques : Troubles concomitants de santé mentale, d‘alcoolisme et de toxicomanie, Santé Canada 2002 “ Intégration des programmes ” : “ Traitement des troubles mentaux et traitement des troubles liés aux substances offerts simultanément par les mêmes cliniciens et intervenants ou par une même équipe de cliniciens et d’intervenants, à l’intérieur d’un même programme, de fa- çon à assurer à l’individu une explication cohérente des problèmes et des objectifs de traitement ” “ Intégration des systèmes ” “ L’établissement de liens durables entre les dispensateurs de services ou les uni- tés de traitement au sein d’un système de soins ou entre de multiples systèmes afin de faciliter la prestation des services aux clients au niveau local. Divers arrangements de coordination et de collaboration sont utilisés pour déve- lopper et implanter un plan de traitement intégré ”. Approches non pharmacologiques du double diagnostic
intensives et prolongées, telles que les
les et comportementales sur 6 mois ou plus), les traitements résidentiels longs
Traitements addictologiques auprès de
(400 jours › 66 jours) et la gestion des
moins 4 mois) ont un effet favorable sur
diagnostic dans des études contrôlées
ont eu de manière répétée un impact fa-
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centrée sur le patient dans son milieu)
résultats de ces études sont hétérogè-
2009 ; 4 études, total › 200 patients)
d’abstinence et positifs non significatifs
de vie et de l’accès au logement. La va-
riabilité des effets sur les symptômes
psychiatriques et addictologiques s’ex-
pliquent par les différences de contenu
ou du trouble panique ont été ajoutés
au traitement de la dépendance à l’al-
Les résultats d’interventions peu inten-
sives telles que les interventions brèves
ou des entretiens motivationnels d’une
seule séance ont des résultats plus in-
une partie des différences de résultats
pourraient s’expliquer par le moment de l’inclusion (patients sevrés ou pas). Traitement intégré des deux troubles
Une étude a comparé l’intérêt d’ajouter
versus traitement addictologique isolé
au traitement de la dépendance à l’al-
Les résultats discutés dans ce paragra-
phe sont issus du petit nombre d’études
contrôlées portant sur la comorbidité
clairement favorable était reporté tant
sion unipolaire. Les critères d’inclusion,
le traitement de l’addiction à celui du
mesurés, les conditions contrôles et les
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d’utilisation des substances pour amé-
liorer l’humeur. Le moindre impact sur
tamment dans le cadre des TCC de l’état
la thymie pourrait être dû à la qualité de
la condition contrôle, ou au contenu de
l’IGT centré sur les liens entre substan-
contrôlées actuelles n’ont pas encore
établi de bénéfice additionnel de ces approches sur le PTSD ou le SUD. Traitements pharmacologiques Traitement intégré du “ trouble bipolai-
De manière générale, l’approche phar-
Le traitement groupal intégré (Integra-
intégrer les risques d’interactions phar-
ted group therapy : IGT) est une appro-
res. L’IGT repose sur “ le paradigme du trouble unique ” qui conceptualise ce
Le traitement pharmacologique de la
double diagnostic en “ Un trouble bi-
tôt qu’en 1 trouble bipolaire + 1 trouble
gnostic par les données issues des trai-
vise à ne pas minimiser l’un des trou-
bles et à intégrer l’abstinence dans
génération (AP1), des études limitées
moindre efficacité des antipsychotiques.
Cette supposition n’est pas corroborée
miques. L’impact a été meilleur en cas
par des études (Clozapine et Olanzapine)
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qui ont trouvé, auprès de patients résis-
Recommandations officielles
ont été publiées sur les traitements du
tipsychotiques de deuxième génération
ragraphes ou chapitre dans des guide-
(AP2) donnent des résultats mitigés tant
lines construits pour le traitement d’un
sur les SUD, allant d’une équivalence
dictions, soit en tant que guideline spé-
d’effet, à un effet en faveur des AP2 et
Une étude contrôlée, sur plus de 100 pa-
d’action prolongée la Rispéridone micros-
perts. De manière générale, il y a un
phère et le Zuclopentixole décanoate. Les
traitement de l’abus de substances, ont
eu moins d’effets extrapyramidaux, moins
• Fréquente nécessité d’intensité ou de
d’urines positives et une meilleure amé-
• A défaut de preuves spécifiques, trai-
Cet effet favorable des AP2 sur l’adhé-
soins est corroboré par une bonne partie
Dans une étude randomisée contrôlée, la Naltrexone (antagoniste opiacé) utili-
ce à l’alcool s’est avérée supérieure au
essentielles telles que : qu’est-ce qu’un
traitement intégré ? Faut-il attendre une
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Conclusion
grevé de complications. Celles-ci n’im-
concomitants de santé mentale et d‘al-
Les études à disposition sont limitées.
triques dits sévères (troubles bipolaires
taires et l’état de stress post trauma-
lors de l’amélioration du premier. Pour
les autres troubles anxieux et de l’hu-
traitement intégré séquentiel (abus de
Ces approches intégrées devraient être
riodes d’abstinence et des effets délé-
faut alors être vigilant à ne pas se re-
absence de réponse. Le développement de traitements spécifiques validés reste nécessaire et attendu.
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SGSM / SSMS Die vorliegende Stellungnahme ist in interdisziplinärer Zusammenarbeit entstanden. Die Autoren gehörenentsprechend mehreren Fachgesellschaften an (Schweizerische Gesellschaft für Sportmedizin, SchweizerischeGesellschaft für Gynäkologie und Geburtshilfe, Schweizerische Gesellschaft für Pädiatrie, SchweizerischeVereinigung gegen die Osteoporose, Schweizerische Arbeitsgemeinsch